Le vent soufflait fort sur les ruines de la ville, emportant des morceaux de pierres et de poussière dans l’air. La chaleur étouffante de l’après-midi s’infiltrait sous la peau de Haruka, mais il n’avait pas le temps de se concentrer sur ce détail. Ses pensées étaient ailleurs.
Il observait les alentours. à chaque recoin, il sentait la présence des autres : des élus qui, comme lui, cherchaient à survivre dans ce monde impitoyable. Mais ce monde n’était pas juste un terrain de jeu pour les puissants. C’était un champ de bataille, et Haruka en prenait pleinement conscience.
?? [Mise à jour du système…]
?? [Premier affrontement entre les groupes de joueurs : “Les Cinq Groupes”]
?? [Votre groupe est dans la zone d’affrontement imminente. Préparez-vous.]
?? [Avertissement : Pas d’issue de secours.]
Le message clignotait sur son interface, chaque mot gravé dans son esprit. Pas d’issue de secours. Le système de Ka?ron ne donnait aucune chance aux faibles, aucune chance aux hésitants.
Keiji marchait à ses c?tés, un peu plus en retrait, son visage marqué par la peur et la fatigue. Il n’avait pas encore réussi à se remettre de la rencontre avec Ryosuke et son groupe. Mais Haruka savait que le plus dangereux n’était pas l’attaque immédiate. C’était le temps qui passait. Le temps qui faisait na?tre la trahison.
— On devrait se préparer, murmura Keiji. ?a sent mauvais ici.
Haruka acquies?a, mais ses pensées étaient ailleurs. La pression sur ses épaules était immense. Le cercle de Ryosuke l’avait marqué. Son nom était désormais inscrit dans les cibles à éliminer. Et s’il ne faisait rien… il finirait par être traqué.
Mais il y avait une chose que Haruka savait. Il n’avait pas peur de mourir. Ce qui l’effrayait, c’était la faiblesse. C’était de laisser d’autres contr?ler son destin. Il ne le permettrait pas.
Le groupe se dirigea vers un petit campement abandonné, une sorte de fortification rudimentaire, au pied d’une colline escarpée. Il n’y avait pas de survivants en vue, mais Haruka n’était pas na?f. Chaque batiment, chaque ruine, pouvait cacher une menace. Le groupe était vulnérable ici.
Alors qu’ils s’approchaient du camp, un bruit de pas se fit entendre dans l’ombre.
Keiji se figea, mais Haruka, sans sourciller, se tourna vers la source du bruit. Il savait que les autres se cachaient, attendaient. Des alliés ? Des ennemis ? Tout était flou. Le monde était saturé de trahisons.
Il leva une main pour signaler à Keiji de rester silencieux, et se prépara à se défendre. Ses bras étaient toujours lourds des séquelles du combat précédent, mais il ne pouvait pas se permettre de montrer de faiblesse.
Puis la silhouette apparut. Une silhouette familière.
— Yuki ?
Haruka se détendit, mais pas complètement. C’était bien Yuki Tanaka, un des premiers jeunes qu’il avait rencontrés dans ce monde. Mais il n’était plus l’adolescent timide qu’il avait connu. Son regard était plus froid, plus déterminé. Un regard qui trahissait qu’il avait fait des choix difficiles.
— Je vois que tu es toujours en vie, Haruka, dit Yuki d’un ton calme.
— Tu… Tu fais partie de ce groupe ? demanda Keiji, un peu perdu.
Yuki hocha la tête, mais son expression resta impassible. Il leva une main pour signaler qu’il n’était pas là pour attaquer.
— Non. Je ne fais plus partie de ce groupe. Je suis ici pour vous avertir.
Keiji fron?a les sourcils.
— Avertir de quoi ?
Yuki fixa Haruka droit dans les yeux.
— Vous êtes dans leur territoire. Ils vont vous traquer.
Haruka sentit une tension s’intensifier dans l’air autour d’eux. "Ils". Ce mot était lourd de sens.
— Qui sont “ils” ? demanda Haruka, son ton plus dur que prévu.
— Les autres… Ceux qui se croient au-dessus de tout. Le Cercle de Ryosuke est l’un d’eux, mais il y en a d’autres. Des groupes qui ont fait un pacte avec Ka?ron pour obtenir des pouvoirs plus puissants. Ils ne vous laisseront pas tranquille. Vous serez tués à vue si vous vous aventurez plus loin dans cette zone.
Keiji secoua la tête, visiblement plus inquiet.
— Mais pourquoi tu nous dis ?a ? T’as pas l’air de vouloir nous aider.
Yuki regarda Haruka.
— Parce que je sais à quel point c’est difficile d’avancer seul. Parce que je vois en toi quelque chose que les autres ignorent. Mais sois prudent. Ils ont des espions partout.
Haruka serra les dents, détestant cette révélation. Chaque mot de Yuki résonnait comme un coup de marteau dans son esprit. La guerre des élus venait juste de commencer, et chaque allié pouvait devenir un ennemi en un instant.
— Tu n’es pas venu juste pour ?a, n’est-ce pas ? dit Haruka, le regard per?ant.
Yuki baissa les yeux, puis sembla hésiter un instant avant de parler.
— Il y a une rumeur. Celle qui dit qu’il existe un artefact caché dans cette zone. Un artefact qui pourrait rendre un élu immortel, du moins pour un temps. Mais… il est protégé par une force mystérieuse. Et ceux qui s’en approchent disparaissent.
Haruka soupira. Les artefacts étaient toujours des pièges dans ce monde. Tout ce qui pouvait conférer un pouvoir ultime attirait les convoitises, et souvent, des tra?trises.
— Et tu crois qu’on peut le trouver ? demanda Haruka, presque moqueur.
Yuki le fixa intensément.
— Si vous êtes assez forts. Si vous êtes prêts à risquer de tout perdre. Mais n’oubliez pas une chose : ceux qui cherchent ce genre de pouvoir finissent toujours par se perdre eux-mêmes.
Les mots de Yuki restèrent suspendus dans l’air. Les implications étaient claires. L’artefact pouvait être un cadeau… ou une condamnation.
Haruka savait que ce monde ne faisait pas de cadeau. Il n’avait pas d’autre choix que d’avancer. Mais il devait aussi être prudent. Il devait savoir quand se battre et quand… fuir.
— Merci pour l’avertissement, murmura Haruka.
Yuki hocha la tête, puis se tourna vers les arbres.
— N’oublie pas : les alliés d’hier peuvent devenir les ennemis d’aujourd’hui.
Et sans un mot de plus, il disparut dans la forêt.
Haruka resta là, les yeux fixés sur l’endroit où Yuki avait disparu. Une autre menace, une autre trahison qui r?de. Mais cette fois, il n’était plus le même.
Le monde devenait un terrain de chasse.
Et lui, il comptait bien être le chasseur.
La nuit était tombée. La lueur pale de la lune filtrait à travers les arbres dénudés, projetant des ombres mena?antes sur le sol dévasté. Le vent, plus fort qu’auparavant, hurlait comme une bête affamée, fouettant la peau de Haruka. Il serra les dents, retenant un frisson, mais son regard restait acéré, scrutant les alentours.
Keiji marchait à ses c?tés, plus nerveux que d’habitude. Il n’avait cessé de regarder par-dessus son épaule, comme si l’ombre de la menace de Ryosuke était toujours suspendue au-dessus de lui.
— Haruka… tu penses qu’ils vont vraiment nous attaquer ? demanda Keiji, sa voix tremblante.
Haruka ne répondit pas immédiatement. La question était légitime, mais sa réponse n’aurait pas apporté plus de clarté. La vérité était que personne ne pouvait être s?r de ce qui allait arriver dans ce monde.
— Nous devons être prêts à tout, dit-il finalement. Si Ryosuke veut notre peau, il viendra. Et si ce n’est pas lui, ce sera quelqu’un d’autre. Il n’y a pas d’endroit s?r ici.
Keiji hocha la tête, visiblement perturbé par cette dure réalité.
Ils s’étaient installés dans une petite clairière, bien à l’écart des sentiers battus. Le bruit de la forêt environnante était apaisant, mais Haruka savait qu’il ne pouvait pas se laisser tromper par cette tranquillité apparente. La guerre entre les élus était déjà bien avancée, et chaque groupe en compétition se préparait à se battre. Leurs ennemis n’étaient pas tous visibles. Certains se cachaient dans l’ombre, attendant le moment idéal pour frapper.
Haruka sortit son médaille brisé, le médaillon du Cercle de Ryosuke. Il n’avait pas pris de décision hative en le détruisant, il le savait. Mais chaque décision, aussi petite soit-elle, avait un prix. Le prix de la survie, celui de l’honneur.
?? [Alerte !]
[Présence hostile détectée à proximité.]
[Type d’ennemi : élu – Cercle de Ryosuke]
[Distance : 50 mètres]
[Activé : Mode Traque]
Haruka sentit un frisson glacial parcourir son échine.
— On n’est pas seuls, dit-il à voix basse.
Keiji se figea, les yeux écarquillés de peur.
— Quoi ? Mais… comment tu sais ?a ?!
Haruka leva la main, faisant signe à Keiji de se taire. Les signes étaient évidents. Il n’avait pas besoin de son système pour savoir que quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas la première fois qu’il ressentait cette présence. Cette sensation de regard lourd qui scrutait chaque mouvement.
Un bruit sourd se fit entendre derrière eux, suivi d’un éclat métallique. Une silhouette émergea lentement de l’ombre, un homme grand, habillé d’une tunique en cuir noir, le visage dissimulé par un masque en métal. Il portait un sabre long, brillant sous la lueur de la lune.
Enjoying the story? Show your support by reading it on the official site.
— Alors, voilà les petits nouveaux, murmura-t-il d’une voix mielleuse.
Keiji se tendit, prêt à dégainer, mais Haruka l'arrêta d’un geste de la main.
— Ce n’est pas un ennemi, fit-il calmement.
L’homme s’avan?a d’un pas lent, sans aucune hostilité apparente, mais Haruka savait que les choses n’étaient jamais aussi simples dans ce monde. Ses yeux étaient cachés, mais son aura… il l’avait déjà rencontrée.
— Tu es… un élu, n’est-ce pas ? demanda Haruka.
L’homme sourit sous son masque.
— Je le suis. Et toi, le ? Dernier élu du Vent ?, comme le disent certains. Je me demande comment tu vas t’en sortir dans ce monde. Pas facile de survivre quand on se met des ennemis aussi puissants à dos, n’est-ce pas ?
Keiji jeta un coup d'?il furtif à Haruka, mais son regard restait fixée sur l’homme en face d’eux.
— Qu’est-ce que tu veux ? demanda Haruka d’une voix ferme, ne montrant aucune faiblesse.
L’homme inclina légèrement la tête, semblant apprécier l'attitude de Haruka.
— Je n’ai pas de mauvaises intentions, je te rassure. Je suis juste ici pour te… donner un conseil. Il y a des prédateurs dans ce monde, des vautours, comme vous, les petits nouveaux. Ce monde est bien plus cruel qu’il n’en a l’air. Et certains sont là pour récupérer ce que vous laissez derrière vous.
Il fit une pause, un sourire moqueur sur les lèvres.
— Ryosuke… tu l’as défié, n’est-ce pas ? Un mauvais choix. Tu penses vraiment pouvoir lui échapper ? Tu ne sais pas combien d’yeux il a placés sur toi.
Keiji se leva brusquement, prêt à répliquer, mais Haruka le retint une nouvelle fois.
— Et toi, qui es-tu pour nous donner des le?ons ? lan?a Haruka. Un autre membre du Cercle de Ryosuke ?
L’homme éclata de rire, un rire froid et sans joie.
— Non, non, je ne suis pas un membre du Cercle. Je suis juste un marchand. Un collecteur, si tu préfères. Je suis là pour récupérer les restes des proies que Ryosuke chasse. Et vous… vous allez devenir les restes.
L’homme se tourna alors vers Keiji et s’avan?a.
— Détends-toi. Je ne suis pas venu pour vous tuer. Pas encore. Mais vous devez comprendre quelque chose : cette guerre, elle n’est pas juste une affaire d’alliances. Les faibles… les indécis… sont ceux qui disparaissent le plus vite.
Haruka fixa l’homme, son poing se fermant. Marchand, collecteur, peu importe le nom qu’il se donnait, il était un prédateur, tout comme Ryosuke. Ils faisaient tous partie du même système, un système où la trahison était monnaie courante.
— Tu vas regretter de ne pas nous avoir tué maintenant, murmura Haruka, les yeux pleins de détermination.
L’homme fit un dernier sourire en coin avant de se retirer dans l’ombre.
— Nous verrons, Dernier élu. Nous verrons…
Haruka se tourna vers Keiji, son regard maintenant plus sombre.
— Prépare-toi, Keiji. Ce n’est pas encore fini.
Keiji ne répondit pas, mais il savait ce que cela signifiait. La traque venait de commencer.
Et cette fois, il n'y aurait pas de retour en arrière.
Le matin se leva lentement, une lueur pale éclairant les ruines autour de Haruka. La clarté de l’aube n’avait rien d’apaisant. Elle n’était qu’une promesse de souffrance supplémentaire. Haruka se tenait debout, observant le paysage dévasté. L’air était sec et lourd, presque comme si la terre elle-même souffrait sous la pression des événements.
Keiji était assis plus loin, les yeux dans le vague, ses mains serrées autour de son genou. Il n’avait pas dormi. Haruka savait pourquoi. Le marchand, ou plut?t le collecteur, qui leur avait révélé la vérité sur Ryosuke, n’avait pas fait que semer le doute en eux. Il avait aussi ouvert une voie qu’Haruka n’était pas s?r de vouloir emprunter. La guerre, les alliances, les trahisons… tout se mélangeait dans son esprit.
Haruka soupira, sentant la frustration monter en lui. Chaque instant passé dans ce monde devenait plus lourd à supporter. Si autrefois, il avait eu l’illusion de pouvoir garder le contr?le, il avait maintenant compris une chose fondamentale : dans ce monde, le contr?le était un privilège des puissants. Et lui, il n’était pas encore assez fort.
— Haruka, murmura Keiji, tu penses que ?a va vraiment finir ainsi ? Que tout ce qu’on a fait jusqu’ici… ?a n’aura servi à rien ?
Haruka tourna lentement la tête, rencontrant le regard de son ami. Le jeune homme semblait fatigué, comme si chaque jour supplémentaire dans ce monde le rongeait un peu plus. Haruka n’avait pas de réponse toute faite, pas de réconfort à offrir. Mais il savait qu’il ne pouvait pas se laisser abattre. Pas encore. Pas maintenant.
— Nous ne sommes pas morts, répondit-il simplement. Et ce n’est pas pour rien qu’on est encore là.
Keiji hocha la tête, mais il était évident qu’il n’était pas convaincu. La situation devenait de plus en plus intenable, et les tensions entre les groupes ne faisaient qu’augmenter. Chaque jour, une nouvelle menace se profilait à l’horizon.
Puis, une silhouette s’éloigna des ruines en contrebas. Une personne qui semblait surgir de l’ombre, un visage familier. Haruka plissa les yeux. Ryosuke.
Le jeune homme s’approchait, entouré de deux autres individus. Leur allure imposante et leurs expressions de fer confirmaient que ce groupe n’était pas là pour discuter.
— Haruka, Keiji, vous êtes toujours en vie, dit Ryosuke d’une voix calme, presque amusée.
Haruka se redressa lentement, son regard se durcissant.
— Qu’est-ce que tu veux, Ryosuke ?
Le sourire de Ryosuke s’élargit. Il n’avait pas perdu son assurance, malgré la menace implicite dans le ton de Haruka. Il semblait savourer chaque instant, comme si cette guerre était un jeu dont il connaissait les règles mieux que personne.
— Oh, rien de particulier. Juste voir où vous en êtes dans ce petit jeu. On dirait que vous avez survécu jusque-là. Mais jusqu’à quand ? demanda-t-il en jetant un regard appuyé sur Keiji.
Ce dernier baissa les yeux, sentant le poids du regard de Ryosuke sur lui. Haruka pouvait sentir la tension dans l’air, la menace palpable. Ryosuke était un prédateur. Et ils étaient ses proies.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Haruka, un fil de colère dans sa voix.
Ryosuke haussait les épaules, comme s’il parlait de quelque chose d’inconnu.
— Je ne vous ai pas encore tout dit. Mais la fin approche. Le système change, et vos pouvoirs ne vous suffiront plus. Le temps est compté. Vous le sentez, n’est-ce pas ? Le compte à rebours dans vos interfaces.
Haruka ne répondit pas immédiatement. Il savait que le temps était leur ennemi commun, mais il n’avait jamais envisagé que Ryosuke pourrait en savoir autant.
— Tu mens, dit Haruka, secouant la tête. Tu es juste un manipulateur.
— Peut-être, répondit Ryosuke en souriant, mais ce n’est pas tout. Ka?ron a des plans, Haruka. Il teste tout le monde, même moi. Mais ceux qui ne réussiront pas… seront éliminés. Sans retour possible.
Keiji se leva d’un bond, ses poings serrés. Il se tourna vers Haruka, cherchant du réconfort dans ses yeux.
— Ce type est fou ! Il veut juste nous faire peur.
Haruka fixa Ryosuke avec une intensité nouvelle. La vérité était là, frappante et évidente : ce monde, ce jeu, n’avait qu’une seule règle. La survie. Et pour survivre, il fallait être prêt à tout. Cela, Ryosuke l’avait bien compris.
— Alors, qu’est-ce que tu proposes ? demanda Haruka, son ton devenu glacial.
Ryosuke sourit encore plus largement.
— Un conseil… ou plut?t un avertissement. L’artefact… vous savez ce que c’est, n’est-ce pas ? Il n’est pas qu’une simple légende. Ceux qui l’atteindront auront tout ce qu’ils désirent, mais à quel prix ?
Haruka ne pouvait s’empêcher de sentir une sourde inquiétude grandir en lui. L’artefact, cette rumeur qui circulait dans l’air comme une brume de malheur. Ryosuke en parlait avec une connaissance qu’Haruka n’osait même pas explorer.
— L’artefact est une illusion, dit Haruka, la voix ferme. Et même si ce n’en était pas une, je ne compte pas me laisser corrompre par un objet.
— Oh, tu te trompes, Haruka. Ce n’est pas l’objet qui corrompt, c’est le désir de pouvoir. Et crois-moi, il existe toujours un prix à payer.
Keiji, toujours sur le qui-vive, s’approcha de Haruka.
— On n’a pas besoin de ton artefact ou de tes menaces, Ryosuke. Nous n’avons aucune intention de suivre ton chemin.
Ryosuke siffla, amusé, et se tourna vers ses deux compagnons. Un sourire satisfait sur le visage, il s’éloigna lentement, ses paroles flottant dans l’air comme une malédiction.
— Bien. Je vois que vous êtes têtus. Vous allez vite changer d’avis. On se retrouvera, soyez-en s?rs.
à mesure qu’ils se retiraient, l’angoisse qui avait envahi Haruka ne cessait de cro?tre. Cette conversation, ce rendez-vous avec Ryosuke, n’était pas simplement une rencontre de guerre. C’était un rappel cruel. La fin de ce monde se dessinait.
Et Haruka allait devoir choisir. Choisir entre l’ombre du pouvoir… et la lueur d’une véritable liberté.
Les jours suivants la confrontation avec Ryosuke se déroulèrent dans une atmosphère lourde et tendue. La menace de l’artefact, dont Haruka ne pouvait s’empêcher de se demander si elle était réelle ou non, planait au-dessus de lui comme une épée de Damoclès. Chaque nuit, le son du vent sifflant à travers les arbres semblait plus mena?ant, comme si les forces invisibles du monde se rapprochaient de lui. Il n’y avait pas de repos, pas de sécurité. Seulement la peur constante d’une attaque.
Haruka et Keiji avaient trouvé un campement temporaire au c?ur d’une forêt dense, à l’écart des zones où Ryosuke et ses partisans auraient pu les suivre. Mais malgré cette précaution, une tension palpable flottait dans l’air.
Keiji, plus fatigué que d’habitude, se laissait aller à des moments de doute. Il s’éloignait souvent de Haruka, observant le ciel, les yeux perdus. Haruka savait que son ami se remettait difficilement de l’attaque précédente. La guerre des élus était bien plus complexe que ce qu’ils avaient imaginé. Il ne s’agissait pas seulement de survivre, mais aussi de comprendre les véritables enjeux.
Une nuit, alors que les deux jeunes hommes se reposaient autour d’un feu, une silhouette apparut dans les ténèbres. Haruka se leva immédiatement, son regard se durcissant. Cette fois, ce n’était pas Ryosuke. Ce n’était pas un ennemi connu. C’était une silhouette solitaire, marchant lentement vers eux.
— Haruka… murmura Keiji, inquiet. Qui… qui est-ce ?
Haruka ne répondit pas tout de suite. Il tendit l’oreille. Aucun bruit de pas précipités. Aucun signe d'hostilité immédiate. Quelque chose dans cette démarche calme et assurée ne semblait pas malveillant. Mais le doute restait, car dans ce monde, les apparences étaient souvent trompeuses.
La silhouette approcha. C’était une jeune femme, son visage marqué par les épreuves, mais son regard fier et déterminé. Elle s’arrêta à quelques mètres du feu, n’osant pas encore s’avancer davantage.
— Vous êtes les survivants du groupe de Ryosuke, n’est-ce pas ? demanda-t-elle, sa voix ferme mais douce.
Haruka la scruta un instant, ne répondant pas immédiatement. Une grande lame était accrochée à son dos, et l’aura de cette inconnue n’était pas celle d’une simple civière de guerre.
— Qui es-tu ? répondit Haruka, son ton méfiant. Et que veux-tu ?
La femme sourit faiblement.
— Mon nom est Izumi, et je ne suis pas ici pour me battre contre vous. Je viens vous avertir.
Keiji se leva à son tour, semblant sur le point de réagir, mais Haruka fit un signe pour le calmer. Izumi continuait de les observer, mais avec une sincérité qui se dégageait peu à peu de son comportement.
— Vous avez affronté Ryosuke, non ? Vous avez survécu à son groupe… ce n’est pas un exploit commun. J’ai entendu parler de vous, des ? survivants ? des premiers jours de la guerre.
Keiji se tendit, perplexe.
— Et tu veux nous aider ? Ou nous attaquer, peut-être ?
Izumi secoua la tête, son regard se faisant plus grave.
— Je veux vous aider. Mais il y a des choses que vous devez savoir avant de continuer. Ce que vous faites, Haruka… vous jouez un jeu dont vous ne connaissez pas les règles. Le véritable ennemi n’est pas Ryosuke. Ni même Ka?ron.
Haruka arqua un sourcil. Il s’approcha un peu plus, sa méfiance toujours présente.
— Alors, qui est le véritable ennemi ?
Izumi prit une grande inspiration, comme si elle se préparait à partager un lourd secret.
— Ceux qui vous manipulent. Les créateurs de ce monde. Ceux qui ont tout mis en place, depuis le début. Ryosuke… il n’est qu’une marionnette dans un plan bien plus vaste. Il n’est pas l’ultime objectif, il est… un instrument. Vous avez vu le compte à rebours sur vos interfaces, n’est-ce pas ? Vous avez peut-être remarqué que le système devient de plus en plus implacable, chaque jour qui passe.
Haruka sentit un frisson d’inquiétude parcourir son échine. Manipulation, créateurs de ce monde, ces mots résonnaient comme une alarme.
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? demanda-t-il, une tension croissante dans sa voix.
Izumi le regarda droit dans les yeux, sans détour.
— Ce monde, ces règles… tout est mis en place pour vous écraser. Ka?ron ? Il n’est qu’un instrument, lui aussi. Il n’a jamais eu l’intention de vous laisser gagner. Ceux qui créent ce monde vous observent, vous testent. Et à chaque étape, ils réduisent vos chances de succès. Vous êtes un expériment. Et ce que vous traversez, Haruka… c’est leur fa?on de tester vos limites.
Haruka, abasourdi, chercha ses mots.
— Alors… ce monde n’est pas réel ? Tout ?a… n’a pas de sens ?
Izumi hocha la tête, ses traits se durcissant.
— Tout a un sens. Mais pas celui que vous croyez. Ce monde a été créé pour une seule raison : savoir jusqu’où l’humanité peut aller pour survivre. Vous êtes leurs cobayes. Et votre survie… ne dépend que de votre capacité à comprendre ce jeu.
Keiji, bien que terrifié, osa enfin parler.
— Et comment sais-tu tout ?a ? Qui es-tu réellement ?
Izumi sourit légèrement, un sourire triste.
— Je suis comme vous. Un élu. Mais j’ai vu au-delà de ce que Ka?ron et ses créateurs veulent. J’ai vu la vraie nature de ce monde. Et je suis ici pour vous aider à trouver une issue.
Elle s’avan?a d’un pas.
— Le premier indice pour vous aider à vous échapper ? Vous devez cesser de suivre les règles qu’ils vous imposent. Vous devez trouver la clé pour les briser.
Keiji se tourna vers Haruka, son regard mêlé de confusion et d’espoir.
— Et comment on fait ?a ?
Izumi les fixa tous deux, un éclat d’espoir dans ses yeux.
— La réponse est déjà devant vous. Vous devez comprendre la vraie nature de vos pouvoirs. Tout ce que vous avez vécu jusqu’ici, chaque épreuve… tout cela a un but. Mais une fois que vous le découvrirez, vous comprendrez que vous avez les clés pour sortir de ce piège. Si vous êtes prêts à en payer le prix.
Le silence qui suivit ses paroles était lourd, presque écrasant. Haruka n’avait jamais ressenti un tel poids de vérité, aussi gla?ant soit-il. Le chemin devant eux était semé d’emb?ches, mais pour la première fois, une petite lueur d’espoir semblait scintiller dans l’obscurité.
Haruka se tourna vers Keiji. Il n’y avait pas de retour en arrière. Il fallait avancer. Tout ou rien.
— On te croit, Izumi. Maintenant, montre-nous la voie.