Parfait. Voici la suite de Le Dernier élu, avec plus de 980 mots. Haruka vient d’être aspiré par une spirale invoquée par l’avatar de Ka?ron. Séparé d’Akira, il découvre un espace hors du monde… et un fragment de vérité que Ka?ron n’avait jamais prévu de révéler :
Le monde n’était plus qu’un tumulte de ténèbres.
Haruka chutait, encore et encore, dans un vide sans fin. Pas de ciel. Pas de sol. Pas d’air. Juste ce froid implacable qui s’insinuait sous sa peau, et cette sensation de décomposition, comme si son corps était lentement dissous, désintégré par l’espace lui-même.
Il tenta d’appeler la foudre. Rien ne vint. Son pouvoir était muet.
Il hurla. Aucun son.
Puis soudain, la chute cessa.
Sans avertissement, son corps heurta une surface invisible. Pas un choc brutal, non — une immobilisation nette. Suspendu dans le néant. Il ouvrit les yeux, ou du moins, crut le faire.
Et il vit.
Un paysage étrange s’étalait devant lui. Une mer de miroirs brisés, flottant dans l’espace, chacun reflétant une version différente de lui-même. Haruka combattant. Haruka mourant. Haruka… souriant aux c?tés d’une mère qu’il ne reconnaissait pas.
— Bienvenue dans l’Interstice.
La voix n’était pas humaine. Elle résonnait partout, mais nulle part à la fois. Un timbre ancien, distordu par le temps et la magie. Haruka tourna lentement la tête.
Une silhouette se forma devant lui.
Haute. Voilée. Faite de lumière noire et d’ombres blanches. Ni homme, ni femme. Ni vivant, ni mort.
— Tu n’es pas Ka?ron, dit Haruka, le ton dur.
— Non. Je suis ce qu’il a tenté d’oublier.
La silhouette s’approcha. Les miroirs s’alignèrent autour d’eux, formant un cercle parfait. L’un d’eux trembla légèrement, montrant Haruka enfant, observant l’orage depuis le balcon d’un appartement modeste.
— Ka?ron est un architecte. Un modeleur de mondes. Mais avant tout, il est un voleur.
— Il a volé quoi ? demanda Haruka.
— Des possibilités. Des destins. Il vous a choisis, toi et les autres, non pas parce que vous étiez spéciaux… mais parce que vous étiez malléables. Il ne cherche pas un successeur. Il cherche un contenant.
Haruka sentit la nausée monter.
— Un... contenant ?
— Pour sa propre essence. Son esprit s’effrite. Il veut se greffer à une conscience humaine assez puissante pour supporter son ame sans se briser. Tu n’es pas son héritier. Tu es son réceptacle.
Le silence s’abattit.
Haruka recula d’un pas, les poings tremblants.
— Pourquoi tu me dis ?a ? Qui es-tu, à la fin ?
La silhouette se fissura légèrement. Une image se forma brièvement. Un visage. Celui d’un jeune homme... étrangement familier.
— J’étais le premier. L’élu originel. Le prototype.
Les miroirs s’obscurcirent. Une scène apparut. Un gar?on, seul dans une salle blanche, parlant à un Ka?ron plus jeune, presque bienveillant.
— Je l’ai cru, moi aussi. Je pensais pouvoir changer son monde, lui succéder, le remplacer. J’étais fort. Talentueux. Il m’a donné un pouvoir unique.
L’image changea. Le gar?on, désormais adulte, hurlant de douleur alors que son corps se disloquait, lentement dévoré par une brume noire.
— Mais son essence… elle était trop vaste. Trop ancienne. J’ai été brisé. Fragmenté. Ce que tu vois ici n’est qu’un éclat de ce que j’étais.
Haruka sentait sa gorge se nouer.
— Pourquoi m’avoir sauvé ? Tu aurais pu me laisser mourir ou être absorbé.
Le spectre sembla sourire.
— Parce que tu n’as pas cédé. Tu ne t’es pas laissé corrompre, même face au vestige. Tu as protégé ton libre arbitre. Et plus encore, tu as vu Tora… comme un frère perdu, pas un ennemi. Tu mérites une vérité que Ka?ron t’a refusée.
Haruka se rapprocha d’un miroir. Une nouvelle scène apparut : lui, plus agé, un manteau sombre flottant derrière lui, guidant des groupes d’adolescents à travers un désert. Un symbole inconnu brillait sur sa main.
— C’est quoi, ?a ? Une vision du futur ?
— Une possibilité. Si tu refuses d’être le vaisseau. Si tu deviens... le briseur. Celui qui délie les cha?nes.
Le miroir se brisa.
Un tremblement parcourut l’espace.
— Mais Ka?ron le sait maintenant. L’avatar t’a vu. Tu n’auras plus d’autre chance. Lorsqu’il te ramènera dans le monde réel, tu seras traqué. Tous ceux qui te soutiennent seront marqués. Il ne te reste qu’une option.
— Fuir ?
— Non. Combattre. Et réveiller les autres. Il y en a… qui doutent. Des survivants des premières vagues. Des oubliés. Rallie-les. Et crée ton propre système.
Haruka serra les dents.
Son corps recommen?ait à flotter, lentement tiré vers le haut.
— Tu me renvoies ?
— Je ne peux pas te garder ici. L’Interstice n’existe que pour ceux qui sont brisés. Toi, tu es encore entier. N’oublie pas...
La voix se brisa.
— ...Tu n’es pas l’élu. Tu es la faille.
Haruka fut projeté en arrière. La lumière blanche l’engloutit. L’univers se déchira.
Et il ouvrit les yeux.
Il était de retour.
Haruka est de retour dans le monde réel, mais ce n’est plus le même homme — et son réveil risque de déclencher bien plus qu’un simple combat.
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L’air revint d’un coup. Comme un coup de tonnerre inversé.
Haruka haleta, les poumons en feu, tandis que ses doigts s’enfon?aient dans la terre froide. Ses yeux s’ouvrirent brusquement sur un ciel crépusculaire, strié de nuages noirs. Il n’était plus dans l’Interstice. Il était revenu.
Mais quelque chose avait changé.
Il se releva lentement, chaque muscle de son corps vibrant d’une tension nouvelle. La foudre ne dansait plus autour de lui comme avant. Elle était silencieuse. Tapie. Comme si elle attendait… un ordre.
Un souffle s’approcha.
— Haruka… ?
Akira.
Il était là, debout, encore ensanglanté mais vivant. Son regard oscillait entre soulagement et stupeur.
— Tu étais... tu avais disparu. L’avatar t’a avalé. On a cru que tu étais mort.
Haruka posa les yeux sur lui. Pendant une seconde, il voulut lui dire ce qu’il avait vu — le miroir, le premier élu, la vérité sur Ka?ron. Mais il s’arrêta.
Pas encore.
Il fallait d’abord s’assurer qu’ils étaient en sécurité.
— Je suis revenu. C’est tout ce qui compte. Où est Mizuki ?
Akira montra un point plus loin. La jeune femme était toujours inconsciente, enfermée dans une barrière d’illusions inversées.
— Elle ne s’est pas réveillée. Et l’avatar… il a disparu juste après t’avoir aspiré. Il s’est évaporé comme s’il avait terminé ce qu’il devait faire.
Haruka fron?a les sourcils. Ce n’était pas cohérent. Si Ka?ron voulait s’emparer de lui, pourquoi le relacher ? Pourquoi permettre ce retour… à moins qu’il ne pense que le processus était déjà en cours ?
Il serra les poings.
Non.
Il n’était pas un vaisseau. Pas un héritier. Il était une faille. Et il allait s’en servir.
— Il faut partir, Akira. Maintenant.
— Quoi ? Mais pourquoi ? On peut à peine marcher, et—
— Ka?ron sait. Il sait que j’ai vu ce que je ne devais pas voir. Il ne m’enverra plus de pantins. Il va libérer les pires. Les élus corrompus. Ceux qui ont vendu leur volonté pour du pouvoir. On doit sortir de cette zone avant que les Limites ne se referment.
Akira acquies?a à contrec?ur. Il comprenait. Trop bien.
Ils attrapèrent Mizuki — toujours inconsciente mais vivante — et se mirent en marche. Le ciel au-dessus d’eux s’assombrissait de minute en minute. Quelque chose d’immense s’approchait.
Et Haruka savait que ce n’était que le début.
Ils atteignirent un ancien bastion abandonné quelques heures plus tard. Un fort en ruine, probablement vestige d’une ancienne vague de participants. à l’intérieur, quelques torches alimentées par magie pulsaient encore faiblement.
Akira déposa Mizuki dans une pièce à part, puis revint auprès de Haruka qui s’était assis, les yeux clos, les bras croisés.
— Tu veux m’expliquer maintenant ? demanda Akira. Ce que tu as vu là-bas. Ce que tu es devenu.
Haruka ouvrit les yeux.
— Ce que je suis devenu ? Rien. Ce que j’ai compris ? Tout.
Il raconta.
Pas tout. Mais l’essentiel.
Ka?ron. Le premier élu. Le plan de transfert d’essence. L’illusion du ? choix ?. Le système de niveaux n’était qu’un filtre. Une mécanique pour écrémer les faibles et sélectionner le plus compatible. Lui.
Akira écouta en silence. Lorsqu’Haruka eut fini, il ne parla pas tout de suite. Puis, finalement :
— Et maintenant ?
— On ne peut pas jouer selon ses règles. On doit en inventer de nouvelles. Et pour ?a, il nous faut des alliés.
— Tu penses qu’il en reste ? Des élus libres ?
Haruka acquies?a.
— Oui. Le fragment m’a montré… des images. Des noms. Certains se sont cachés. D’autres se sont faits passer pour morts. Mais ils existent encore.
— Alors on part les chercher ?
— On part rallumer les braises. Avant que la tempête ne les éteigne toutes.
Dans un autre coin de ce monde…
Une salle circulaire, plongée dans l’ombre. Au centre, une sphère luminescente battait lentement, comme un c?ur. Tout autour, des silhouettes encapuchonnées regardaient.
L’avatar, celui qui avait aspiré Haruka, se tenait là, immobile.
— échec. dit une voix grave.
Une autre répliqua :
— Non. Ce n’était pas un échec. L’interstice l’a touché. L’altération est en cours. Il est instable.
— Alors, la fusion peut commencer ?
Silence.
Puis, une voix ancienne, pleine de craquelures et de dépit, s’éleva :
— Non. Pas encore. Il résiste. Il faudra le briser.
Un soupir. Lourd. Fatigué.
— Préparez le prochain Jugement. Qu’ils comprennent tous… que même les élus peuvent saigner.
. Haruka et Akira continuent leur voyage pour rallier les élus dissidents, alors que de nouvelles menaces se profilent à l’horizon.
Le vent soufflait fort cette nuit-là. Il balaye les terres sans fin, chassant les nuages mena?ants du ciel comme s’il était le seul ma?tre de ce monde dévasté. Haruka marchait sans relache, ses pas se mêlant au rugissement de la tempête.
Akira, un peu en retrait, semblait plus nerveux que d’habitude. Il jetait des coups d'?il furtifs autour de lui, son regard scrutant chaque ombre, chaque mouvement. Mais Haruka n’avait pas le temps de s’attarder sur ces détails. Il savait qu’ils n’avaient pas de temps à perdre. Chaque seconde pouvait être la dernière avant que Ka?ron n’envoie ses sbires à leur poursuite.
— On est presque arrivés, dit Haruka, sans se tourner vers Akira. Les coordonnées sont précises. Le repère devrait être juste devant.
Akira hocha la tête, mais sa nervosité était palpable.
— Tu es s?r que ?a va fonctionner ? Que les autres vont accepter de se joindre à nous ?
Haruka ralentit son rythme, se tournant enfin pour regarder son ami.
— Ils n’ont pas le choix. Le système est en train de les écraser. Et Ka?ron… il ne nous laissera pas en paix. Il sait que nous avons vu la vérité. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il envoie des forces plus puissantes. Si on ne fait pas front ensemble, on va tous être écrasés un par un.
Akira soupira, son regard se fixant sur l’horizon.
— Alors c’est tout ou rien.
— Oui.
Ils marchèrent pendant encore une demi-heure, traversant une vallée rocheuse, leurs pas s’enfon?ant dans la poussière. Finalement, ils arrivèrent à une petite colline escarpée. Là, à quelques mètres, une porte en métal, vieille et rouillée, se tenait, camouflée par des pierres et de la végétation.
Haruka s’avan?a. Il posa sa main sur la porte, une légère éclatante d’électricité se formant autour de ses doigts. Le métal gronda, se tordit sous l’effet de l’énergie. En un instant, la porte se déverrouilla, libérant un chemin vers l’intérieur.
— Entrez, dit une voix calme.
Les deux amis pénétrèrent dans un tunnel sombre. Akira alluma une torche, révélant les murs recouverts de symboles et de runes étranges. Ces marques n’étaient pas humaines. Elles provenaient d’une autre époque, d’un autre monde. Haruka frissonna en les voyant. Il savait qu’il s’agissait de signes de ceux qui étaient venus avant eux — les véritables élus.
Ils continuèrent à avancer pendant plusieurs minutes avant d’arriver dans une grande salle circulaire. Au centre, une table massive, recouverte de cartes et de livres. Autour de cette table, plusieurs figures vêtues de robes sombres se tenaient immobiles, les yeux fixés sur un écran en face d’eux.
Quand Haruka entra dans la pièce, tout s’arrêta. Les figures se retournèrent lentement.
— Tu es enfin là, dit une voix autoritaire.
C’était une femme. Une femme d’une trentaine d’années, mais son regard portait la sagesse et la douleur de siècles d’expérience. Ses cheveux noirs étaient attachés en un chignon haut, et son manteau sombre flottait derrière elle comme une ombre.
— Je suis Akira, dit le gar?on en se présentant, un peu hésitant.
— Je sais qui vous êtes.
La femme fit un geste de la main, invitant les deux jeunes hommes à s’approcher.
— Et toi, Haruka Amemiya, tu es le seul à avoir survécu à l’Interstice. Tu es celui qui a brisé le cycle. Mais le fait que tu sois ici montre que tu as déjà pris une décision. Une décision qui pourrait tout changer.
Haruka fixa la femme. Il savait qu’elle n’était pas là pour le juger. Elle savait. Elle avait vu. Il n’avait pas besoin de lui expliquer.
— Je ne suis pas un sauveur. Je suis une faille. Haruka marqua une pause. Une faille dans leur système. Et je compte bien l’exploiter.
La femme esquissa un sourire énigmatique, comme si elle avait attendu ces mots.
— C’est ce que nous voulions entendre.
Elle se tourna vers les autres membres du groupe, qui observaient attentivement. Chacun d’eux avait une aura étrange, comme s’ils portaient tous les poids des combats passés, des luttes invisibles.
— Vous êtes ici parce que vous avez tous ressenti la même chose. Ka?ron a menti. Il a manipulé vos esprits et brisé vos corps pour qu’il puisse transférer son essence dans un être plus puissant. Nous savons tous que ce qu’il veut ne peut qu’être destructeur. La femme se tourna vers Haruka. Tu dis être une faille. Utilise-la. L’heure est venue.
Haruka se leva, s’approcha de la table, et regarda les cartes étendues devant lui. Une mappemonde, une version déformée de leur monde, était dessinée dessus. Mais certaines zones étaient marquées d’un rouge vif.
— Ce sont les zones de Ka?ron. Les endroits où ses avatars se manifestent régulièrement, expliqua la femme. C’est là que ses forces se concentrent.
Haruka regarda les zones rouges. Il pouvait ressentir l’aura de Ka?ron à travers l’espace, comme une pression invisible qui compressait l’air autour de lui. Mais il n’était pas effrayé. Bien au contraire. Il ressentait la même chose qu’au moment où il avait affronté la tempête dans l’Interstice : une puissance prête à éclater, une tempête qu’il pourrait peut-être contr?ler.
— Nous avons rassemblé des alliés. Des survivants des anciennes vagues, dit la femme. Mais Ka?ron a corrompu certains d’entre eux. Ils ne sont plus dignes de confiance.
Haruka se tourna vers elle.
— Alors nous les libérerons. Ou nous les détruirons. Peu importe. Mais nous avons un but. Le v?tre, le mien, et celui de tout ce monde.
Les membres du groupe échangèrent des regards silencieux. Leurs visages, d’abord fermés, se détendirent légèrement. Ils savaient que ce qui venait de commencer n’était pas simplement une rébellion. C’était une guerre totale.
— Ce n’est pas une guerre que nous allons mener. C’est une révolution.